musique, lutherie déjantée

musique, lutherie déjantée

La Clinique du Docteur Sifoné - épisode 8 : Alohaaa ha ha ha, ou la naissance d'un nouveau type de nuisance sonore.

Salut amis lecteurs,

 

L'été est là, et avec lui ses éternelles parties sur la plage, autour du feu de camp et bien sûr, ses percussionnistes chevronnés qui cassent les oreilles du campeur, de par leurs rythmes ultra répétitifs joués sur des djembés mal tendus des heures durant (parfois la nuit entière, ne me faites pas croire que vous n'avez jamais été témoin de ce genre de scène). Quoi ? Je me moque ? Meuuuuh non voyons, ayant moi-même participé à ce genre de festivités dans ma jeunesse, je sais à quel point on peut s'amuser en faisant ça.

 

Seulement, si on peut casser les noix du vacancier qui dort, j'ai noté toutefois quelques inconvénients à cette pratique instrumentale.

 

Tout d'abord, le volume sonore produit est élevé et oblige à se placer dans des lieux isolés autant que possible pour ne pas voir débarquer immédiatement les schtroumphs (vous savez, ces représentants de l'Etat tout de bleu vêtus) et subir toutes sortes de contrôles assez désagréables.

 

Ensuite, un djembé c'est lourd, et encombrant. D'autant plus si on est parti pour voyager léger. Et en cas de visite schtroumphesque ou de poursuite par le gros Gérard qu'on a empêché de cuver son Ricard tranquillement, c'est pas ce qu'il y a de plus simple à trimballer pour prendre la poudre d'escampette.

 

Fort de ces constatations, j'ai donc réfléchi : que pourrait on faire pour continuer à faire chier le gros beauf du camping, tout en ayant la facilité de s'installer n'importe où ? Comment se débarrasser du poids conséquent d'un instrument tel que le djembé tout en continuant à faire de la musique avec  quelque chose de simple à jouer ?

 

Je me suis aussi demandé si j'avais envie de fabriquer des percussions, mais làààà, non, en fait je suis un joueur de cordes, j'aime trop ça pour passer à autre chose, du moins pas maintenant.

 

De tout ce questionnement bouillonnant a émergé une idée. Et si, à la place du djembé,on jouait d'un instrument petit, léger, peu bruyant (permettant donc d'être là où l'on dérange le plus) ? Mais ouiii ! Bon Sang Mais C'est Bien Sûr ! le UKULELE ! c'est simple d'apprendre le jeu, et il remplit toutes les conditions pré-citées...

 

J'ai donc pris mes crayons, mes outils, et direction la salle d'opération pour créer un nouveau type de uke (son diminutif). Je ne souhaitais pas avoir un instrument trop classique, j'ai donc opté pour une forme plus électrique (bien que la chose soit totalement acoustique). Je voulais aussi que l'instrument puisse produire un effet sonore du genre wah wah, ce qui m'a poussé à placer la rosace au dos de l'instrument et pas sous les cordes (à l'instar du ukulélé traditionnel hawaïen), et tant qu'à faire je voulais aussi qu'il soit orné d'un joli motif. Le dernier point critique, faire rentrer la bête dans une housse standard, a été étudié dès le dessin afin de ne pas être obligé de fabriquer le flycase qui va avec.

 

Quelques semaines (soit une vingtaine d'heures de boulot parsemées par ci par là) plus tard naissait sous mes doigts tremblants l'instrument qui révolutionnera votre été à la mer.

 

Le corps et le manche sculptés dans un contreplaqué ancien mais costaud et avec des jolies teintes, la table d'harmonie et le dos en sapelli (un cousin de l'acajou), une touche en noyer hors d'âge, sillet et chevalet en hêtre, mécaniques modernes pour ressembler à une guitare électrique, la tête en V du trasher de surfer, son motif personnalisé, ses dix couches de vernis polishé, v'là t'y pas qu'il est beau. Mais Ukulélé, je trouve pas ça trop adapté au concept et à la destination finale de l'instrument.

 

Alors, un instrument qu'on peut jouer partout, sur la plage, sous la tente, à la terrasse des cafés, qu'on peut sortir subrepticement d'un sac à dos pour casser la conversation d'un groupe d'amis, et qui finit par casser les couilles à tout le monde... comment pourrait on l'appeler ?

 

le cassecouille lélé ? non, trop long, pas assez efficace, ah fuck, je sèche !

 

Tiens fuck, fuck you, fuck you lélé, on tient un truc là... Et voilà, le FUK'U'LELE !

 

 

 

 

Après avoir conçu un premier modèle, j'ai noté quelques (petits) défauts, tout d'abord le passage de cordes traversant le corps a tendance à abîmer un peu le bois. Ensuite, je n'ai pas protégé la touche, et elle a tendance à s'encrasser un peu, c'est bête parce qu'avec un peu de cire d'abeille j'aurais réglé le souci très bien et très vite. Il y a aussi le chevalet que j'ai laissé flottant (non collé) et qui me causera bien du souci le jour où je déciderai de changer les cordes. Et enfin le vernis ne me satisfait pas complètement, c'est beau mais j'aurais voulu encore mieux.

 

Une copine ukuléliste (c'est comme ça qu'on dit ?) qui souhaitait avoir un nouvel instrument a eu vent de ma création et m'en a commandé un, ça m'a donc permis de corriger tout ça, à l'aide d'une frette sur la table d'harmonie qui empêche les cordes de rentrer dans le bois, et puis surtout avec un peu de colle sous le chevalet (après moultes réglages pour savoir où le placer pour que ça sonne juste). La touche a été cirée pour parer à un encrassement rapide.

La copine a aussi (malheureusement selon moi) opté pour un motif plus floral, qui lui permettra de jouer dans le cadre de son boulot d'animatrice auprès d'enfants (bah c'est sûr qu'ils sont moins punks que moi...), et j'ai mieux soigné le vernis cette fois-ci (on apprend au fur et à mesure, et on s'améliore itou).

 

 

 

 

Si vous aussi vous souhaitez devenir la nouvelle génération de casse-bonbecs de l'été, n'hésitez pas à me contacter via les commentaires du blog pour passer commande, je reprendrai contact avec vous (temps de livraison aléatoire en fonction des commandes et de mon emploi du temps, mais j'honore toute commande confirmée et essaie de faire le tout en moins de trois mois maximum).

 

 

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Ah ! j'allais oublier ! Une fois l'été passé, le Fuk'u'lélé a encore toute sa place auprès de vous car vous pouvez encore aller emmerder le monde partout en intérieur (repas de famille, au cinéma, devant la télé pendant que monsieur regarde son match ou que madame pleure devant son film d'amour... et que sais-je encore, les limites seront celles de votre imagination) !



15/06/2017
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